DECRES, Denis
17.06.1761 Châteauvillain (Haute-Marne) - 07.12.1820 Paris
15.11.1805 : Mariage avec Rosine ANTHOINE de SAINT-JOSEPH, fille du baron ANTHOINE de SAINT-JOSEPH, maire de Marseille ; elle était la veuve en premières noces du général de SALLIGNY, duc de San Germano (dont la fille avait épousée le fils du maréchal SOULT)
Dans la marine, la stérilité était réelle et Decrès était peut-être encore le meilleur. Il avait du commandement,
son administration était rigoureuse et pure. Il avait de l'esprit, et beaucoup, mais seulement pour la
conversation, il ne créait rien, exécutait mesquinement, marchait et ne voulait pas courir. Il eût dû passer la
moitié de son temps dans les ports et sur les flottes d'exercice ; je lui en eusse tenu compte ; mais, en courtisan,
il craignait de s'éloigner de son portefeuille, il me connaissait mal ; il eût été bien mieux défendu là que dans
ma cour ; son éloignement eût été son meilleur avocat". Napoléon (Mémorial de Sainte-Hélène)
De tous les ministres de la marine de l'histoire de France, le duc Decrès est celui qui conserva ce portefeuille le plus longtemps.
A sa nomination, la marine comptait 65 vaisseaux et 13 frégates, sous son administration la flotte s'agrandit respectivement de 83 et de 65 bâtiments.
Il eut la lourde et difficile tâche de rendre à la marine de Napoléon le lustre de celle de Louis XVI et des guerres d'Amérique, après le désastreux épisode révolutionnaire
- 1775 : S'engage dans la marine
- 17.04.1779 : Aspirant
- 1780 : Garde de la Marine
- Embarqué sur la frégate "RICHEMOND" (escadre du comte de GRASSE)
- 12.04.1781 : Antilles ; s'illustre dans un combat contre les Anglais, au cours duquel, dans un canot, il porte en remorque le vaisseau le "GLORIEUX" démâté et sauve, ainsi, ce vaisseau.
- Récompensé, pour ce fait d'arme, par le grade d'enseigne
- Nommé à bord de la frégate la "NYMPHE"
- 25.03.1786 : Lieutenant de vaisseau
- Embarque à bord de la frégate "ALCYON", il retourne à bord de la "NYMPHE" pour diverses missions, dont notamment la constatation des lacs de bitume de la Trinité espagnole
- Pour cette mission, reçoit les félicitations du maréchal de CASTRIES, ministre de la Marine (l'un de ses prédécesseurs)
- 02.1791 : Embarque à bord de la "CYBÈLE" en qualité de major-général de la division navale, commandée par de SAINT-FÉLIX et destinée aux Indes Orientales
- 06.02.1792 : En vue des côtes de Malabar, propose à l'amiral d'enlever, de nuit, un bâtiment français pris par les Marattes ; son action permet la mise hors de combat de 150 marins ennemis et la
reprise de ce vaisseau
- 10.1793 : Renvoyé en France pour informer le gouvernement de la situation de l'île de France
- 10.02.1794 : Rentre à Lorient, où il apprend qu'il a été promu capitaine de vaisseau en 01.1793 et destitué quelques jours plus tard comme noble
- Arrêté aussitôt, il est accompagné à Paris par la gendarmerie
- Ayant échappé à l'échafaud, il se retire dans sa famille en Haute-Marne
- 06.1795 : Réintégré dans la marine
- Nommé au commandement du vaisseau le "FORMIDABLE", qu'il conduit de Toulon à Brest
- 1796 : Chef de division navale (capitaine de vaisseau)
- 04.1798 : Contre-amiral
- Commandant l'escadre légère de l'armée navale de l'amiral BRUEYS, il arbore son pavillon sur la frégate la "DIANE"
- Prise de Malte : soutient un combat contre les galères de l'Ordre de Malte, et se trouve pris sous le feu de La Valette
- 1798 : Échappe au désastre d'Aboukir : au cours du combat, après avoir transféré sa marque sur deux bâtiments puis du "GUILLAUME TELL", il conduit les débris de l'armée navale à Malte (l'amiral
BRUEYS ayant été tué au cours du combat et l'amiral GANTEAUME resté en Égypte avec le reste de l'escadre)
- Assiégé dans Malte par les Anglais, son compatriote le général BELGRAND de VAUBOIS lui confie le commandement des avant-postes
- Subit le siège de l'île pendant dix-sept mois
- Rentre à Toulon à bord du "GUILLAUME TELL" et rencontre une escadre anglaise ; pris à parti par cette escadre, il soutient glorieusement le combat, et le Chronicle Naval relata le combat dans les
termes suivants : "C'est peut-être l'action la plus chaude que jamais bâtiment ennemi ait soutenue contre ceux de Sa Majesté" ; néanmoins, DECRÈS fut contraint d'amener son pavillon et fut fait prisonnier par
les Anglais
- Reçoit, des mains du Premier consul, un sabre d'honneur pour sa conduite lors de ce combat
- 09.1800 : Préfet du 4e arrondissement maritime (Lorient), jusqu'en 06.1801
- 03.10.1801 : Ministre de la Marine et des colonies, jusqu'au 30.04.1814; ce poste était difficile à tenir dans la situation ou se trouvait la marine après la Révolution. Chargé durant treize années d'une administration difficile, il eut constamment à lutter contre la fortune qui, chaque jour, amenait de nouveaux désastres
- Réorganise la marine française et fait exécuter de grands travaux à Venise, Anvers, Flessingue et Cherbourg
- 20.03.1815 : Rappelé au ministère de la marine (cette décision fut désapprouvée par de nombreux officiers de marine), jusqu'au 08.07.1815 (Cents-Jours)
- 02.06.1815 : Pair de France (Cent-Jours)
- Chargé, avec BOULAY de la MEURTHE, d'encourager l'Empereur à quitter la France (à cette occasion, ils furent tous les deux des jouets entre les mains de FOUCHÉ) ; s'acquitte de cette tâche et en
rend compte à la Chambre des pairs en sa séance du 29 juin
- 07.12.1820 : Mort de l'amiral DECRE : Bizarre et déplorable exemple de la fatalité ! Le marin, qui sur la dunette de son vaisseau, avait échappé, résisté à une explosion devait, vingt ans plus tard,
périr des suites d'une autre explosion. Son valet de chambre, après lui avoir volé des sommes considérables, essaya de couvrir ce crime par un crime plus grand encore. Le 22 novembre 1820, il plaça
des paquets de poudre entre le matelas de son maître, et, vers minuit, il y mit le feu au moyen d'une mèche. L'explosion jeta DECRES hors de son lit et lui fit de graves blessures. Son premier geste
fut d'appeler au secours son assassin ; mais ce misérable ne lui répondit que par un cri d'effroi et, se précipitant dans une cour, il tomba sur le pavé avec une telle violence qu'il expira quelques
heures après. Cette catastrophe éprouva si profondément le duc DECRES qu'il mourut lui-même au bout de quelques jours, le 7 décembre 1820
Honneurs :
- 14.06.1804 : Grand officier de la légion d'honneur
- 02.02.1805 : Grand aigle de la Légion d'honneur
- 24.06.1808 : Comte de l'Empire (lettres patentes) [TAPE]
- 28.04.1813 : Duc de l'Empire (non titré)
- Le nom de l'amiral Denis DECRES est inscrit sur la 33e colonne de l'Arc de Triomphe de l'Étoile, pilier Ouest (Av. de la Grande Armées / Av. Kléber)